Design x Plastics, comment le design peut-il offrir de nouvelles perspectives à la plasturgie ?

Chercheurs, designers et entreprises ont débattu sur les nouvelles perspectives que le design peut offrir de à la plasturgie le 21 mai 2019 à Douai, à l'occasion de l'évènement X-innovation DesignxPlastics. Les 2 thèmes abordés dans les tables rondes "Recyclage plastique et démarche écodesign" et "Smart-Plastic et innovation par le design" ont suscité intérêt et interactions entre les intervenants et le public. Merci aux 70 participants!

21 juin 2019

#

Depuis l'origine, il y a un lien entre le plastique et les designers, pour la mise en forme de la matière. Et aujourd'hui? Comment les choses ont-elles évolué? Comment les designers peuvent-ils aider l'industrie de la plasturgie à développer de nouveau produits?

Après la présentation du contexte et des enjeux par Thomas Chuzeville et Cédric Samuel, stimulés par la réflexion d'Hervé Grolier, place aux tables rondes!


Table ronde #1 : Recyclage plastique et démarche écodesign

Le plastique est décrié aujourd'hui mais... ce n'est pas qu'un emballage, pas uniquement un contenant, nous a dit Marie-France Lacrampe, enseignante-chercheuse chez IMT Lille Douai. Il protège le contenu, transmet des informations, assure une sécurité demandée par les consommateurs... et il faut faire attention à ne pas tomber sur une alternative moins bien positionnée en terme d'impact environnemental a ajouté Bénédicte Goffin, chef de projet du CERTECH.

Certains plastiques aujourd'hui peuvent être biosourcés, biodégradables, recyclables... Mais attention! Il est courant de penser que faire appel à des matériaux issus du végétal est plus respectueux de l'environnement mais il faut se poser la question de la fin de vie du produit. Eric Staniek, Responsable Polymères et Composites chez Team², nous apprend que la biodégradation est assurée seulement si les conditions techniques sont réunies : température, humidité et cocktail de bactéries (compost industriel). Et il faut également se poser la question de l'utilisation de ressources agricoles pour produire de la biomasse.

Il n'y a pas encore aujourd'hui de filière de recyclage dédiée aux bioplastiques... chaque type de plastique doit être recyclé spécifiquement... si des matériaux en PLA apparaissent dans un flux de plastiques d'une autre nature, il y a un risque de contamination et la matière est perdu. Alors... ne faudrait-il pas plutôt envisager l'écoconception du produit? et penser à sa durabilité et à sa réutilisation? Tout en respectant l'environnement et les ressources, c'est à cette réflexion sur l'économie circulaire que nous invite Karine Van Doorsselaer, spécialiste Matériaux et Ecodesign à l'Université d'Anvers.

Anne-Claire Hostequin, designer produit pour l'Atelier LUMA et Sophie Heymans, responsable R&D chez NEO-ECO, ont ensuite présenté quelques projets de produits réalisés avec des matériaux biosourcés ou des déchets. L'atelier LUMA est un centre de recherche en design, à Arles, qui accueille des designers, des écoles, des centres de recherche et des industriels. Son ambition est de mettre en valeur les ressources de la région, y compris ses déchets. Anne-Claire Hostequin nous a présenté des objets en plastique d'algue coloré, réalisés grâce à l'impression 3D. NEO-ECO recherche des solutions innovantes pour valoriser les déchets solides de tous types, réussir cela à une échelle industrielle, et mettre en relations les acteurs de la recherche et les industriels. Plus de 150 éco-produits ont déjà été développés. Sophie Heymans a mis en avant le travail de collaboration : un tabouret dessiné par l'agence Piks Design et développé par ETNISI, qui a créé des matériaux composites à partir de déchets (verre, brique, pierre bleue et marc de café.)

Une question dans le public : comment aider les entreprises à comprendre les avantages et les inconvénients des nouveaux matériaux? à partir de la canne à sucre, par exemple... ce qui implique une empreinte carbone plutôt élevée. L'analyse du cycle de vie du produit peut éclairer et ainsi aider à choisir une solution, car ce bilan environnemental très complet indique les gains et l'impact pour chaque produit étudié.

Une dernière remarque, en guise de conclusion, rappelle l'influence du designer sur l'élaboration du produit : "quand on crée un produit, il faut d'abord penser à son usage, à la manière de le ré-utiliser et de le réparer."



Table ronde #2 : Smart plastic et innovation par ledesign

Smart plastique... plastique intelligent? plastique qui donne de l'information? ou utilisation intelligente du plastique?

Pour Juliette Marrant-Defebvin, chargée de développement Matériaux et Process chez Plastium, le smart plastic est un secteur encore très prospectif, même si une entreprise spécialisée en impression et intégration de système électronique sur plastique se distingue en Rhône-Alpes.

Pour Gerd Van Cauteren, ingénieur design chez Ten Group, le monde du design est très intéressé par les nouvelles technologies, mais la valeur écologique reste fortement associée à la démarche : si les développements sont de plus en plus nombreux, avec l'intégration de nouvelles fonctions, il faut respecter l'usage sur le long-terme du produit.

Le plastique doit être utilisé quand il a des valeurs uniques, et pas uniquement à cause de son faible coût. Le plastique est un matériau extraordinaire, s'enflamme Jean-Louis Frechin, fondateur de Nodesign. Il a un futur incroyable si on l’utilise pour ses capacités exceptionnelles! Grâce à sa transparence, il peut être transmettre une information lumineuse, il peut devenir une interface par des composants qui conduisent l’électricité, et sa mise en œuvre peut être facilitée grâce à la fabrication additive.

Un objet intelligent réagit, communique avec son environnement, apporte quelque chose en plus de sa fonctionnalité. Bernard Paquet, responsable R&D chez Centexbel, centre de recherche textile belge, nous explique qu'il développe depuis une dizaine d’années des textiles intelligents : en intégrant des capteurs ou des fonctionnalités, ces textiles peuvent être utilisés pour des applications médicales, comme le suivi de patients voire la sécurité des personne... cela correspond bien à un produit hybride, objet mécanique mais également service.

Quelle innovation sur les matériaux, les usages, la conception? L'impression 3D et la fabrication additive sont des technologies développées il y a 30 ans nous rappelle Jérémie Soulestin, enseignant-chercheur, responsable du groupe Polymères chez IMT Lille-Douai. Ce qui est nouveau, c'est le panel de matériaux qui est de plus en plus étendu, en granulé, en filaments... Il est désormais possible de répondre positivement à la question de l'industriel "est-il possible de réaliser la pièce qui m'intéresse dans le matériau que je souhaite?". Grâce à l'impression 3D, c'est l'imaginaire du designer qui devient la limite à la fabrication, complète Juliette Marrant-Defebvin.

Comme un écho à la première table ronde, la question de la durabilité de ces produits intelligents a également été évoquée : la durée de vie de ce type de produit est a priori plus longue que celle d'un emballage à usage unique. Et Jérémie Soulestin ajoute que l'enjeu majeur est la possibilité de mener une réflexion globale sur l'impact environnemental, la fin de vie du produit, la réponse à un besoin fonctionnel. "ll va falloir accorder plus d’importance au design et un peu moins à l’ingénierie" conclut-il.




Avant la visite des 3 sites du laboratoire Matériaux et Procédés d'IMT Lille Douai, Thomas Chuzeville fait le même constat : comment chacun, dans son domaine d'expertise, peut relever, avec les autres ces deux défis majeurs : ajouter toujours plus de fonctions, de confort et de service dans le plastique, tout en respectant l'environnement, les ressources et l'impact sur la planète?

La suite? Les partenaires des 2 projets souhaitent ouvrir la discussion avec les entreprises sur les sujets abordés. Nous diffuserons les informations pratiques dès que possible! En attendant, vous pouvez contacter Cédric Samuel (IMT Lille-Douai) et Thomas Chuzeville (lille-design), co-organisateurs de cette journée.



Les projets Interreg apportent des solutions aux entreprises avec des facilités d’accès, particulièrement avantageuses : dans la plupart des cas les bénéficiaires n’ont pas de contribution financière à apporter.

Bioharv vous accompagne dans le développement de matériaux multifonctionnels, avec différentes expertises comme la caractérisation, la formulation de matière et également le prototypage. Pourquoi le prototypage ? Parce que pour faire comprendre au mieux les possibilités de ces nouveaux matériaux, il faut que les industriels puissent les toucher !

Le projet Tripod II accompagne prioritairement les PME pour les aider à innover sur leurs projets, notamment à trouver des compétences de designers pour développer activités et innovation. Les partenaires du projet proposent des actions ciblées selon 3 axes : l’accompagnement individuel, la formation, le réseau.